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[Critique] Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté (Laurent Tirard, 2012)

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Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté, s’il n’atteint pas la nullité phénoménale de son prédécesseur, est une nouvelle honte pour tous ces “blockbusters à la française” qui font décidément peine à voir.

Il va falloir se faire une raison, Astérix & Obélix: Mission Cléopâtre était un miracle et toutes les autres adaptations live des aventures du gaulois sont vouées à l’échec. De Claude Zidi à Laurent Tirard, en passant par les incapables Frédéric Forestier et Thomas Langmann, c’est le même combat, la même ambition de médiocrité, permise par des ayant-droits peu scrupuleux du traitement de cet héritage, y compris Albert Uderzo que son ancien acolyte doit regarder d’un drôle d’œil là-haut. Du réalisateur de Molière et de l’adaptation déjà faiblarde du Petit Nicolas, personne n’attendait de véritable révélation et toute déception est ainsi évitée. Dans cette course à la fausse bonne idée qui aura coûté la bagatelle de 60 millions d’euros, tout parait faux car l’immersion dans l’univers ne fonctionne jamais, à l’inverse de ce qu’avait réussi Alain Chabat, qui par sa fantaisie rendait plausibles des décors de bande-dessinée. Paresseux dans l’écriture et la mise en scène, Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté, malgré l’improbable bienveillance critique dont il bénéficie, est un ratage de A à Z qui ne survit que grâce à quelques acteurs en roue libre et dont le talent peut éclabousser la plus minable des productions. L’exemple idéal de ce qu’une adaptation de bande-dessinée ne doit pas être.

Asterix et Obelix au service de sa majeste 1 [Critique] Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté (Laurent Tirard, 2012)

Alain Chabat s’était attiré les foudres d’une partie des fans et d’Uderzo, à cause ce fameux “humour Canal+” qui portait le film. Certes, sauf qu’à cet humour s’associait un respect total de l’œuvre qui s’en trouvait littéralement réinventée à travers le regard d’un véritable artiste et non d’un banal faiseur. Chabat se réappropriait Astérix et en faisait un personnage de son univers, quitte à choquer, et en n’oubliant jamais le caractère graphique de ces récits. Laurent Tirard fait tout l’inverse et ne garde du concept que la réunion d’acteurs français 4 étoiles. C’est bien pauvre et cela donne lieu à quelques situations plutôt gênantes. Ainsi, au rayon des idées malheureuses trône tout en haut celle de faire jouer des acteurs français avec un pseudo-accent anglais. Le résultat est une agression permanente pour les canaux auditifs alors qu’il aurait été tellement plus intelligent de faire appel à des acteurs anglais parlant français, et ainsi libérer un peu de budget pour soigner le film. Car il y a là un vrai problème. Tout d’abord, si l’idée de mélanger les albums d’Astérix chez les bretons et Astérix et les normands pouvait séduire, l’intégration d’arcs narratifs du second dans le premier provoque la sensation de pièces rapportées tant ils n’apportent strictement rien à la progression du récit. Alors c’est rigolo, on a Bouli Lanners et Dany Boon en barbares, sauf qu’ils ne servent à rien, si ce n’est à plomber un peu plus un rythme déjà hoquetant pour ne pas dire inexistant. Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté est un film qui n’avance pas, qui ne trouve jamais le tempo si enlevé des écrits de René Goscinny dont ne sont gardées que les grandes lignes et des dialogues qui se retrouvent aseptisés quand déclamés par des acteurs-marionnettes vidés de leur âme. C’est d’autant plus amusant de lire les déclarations d’Edouard Baer qualifiant le film d’aventure épique quand il s’agit précisément du contraire. Il ne s’agit que d’une succession de saynètes ne trouvant jamais de cohérence entre elles. Le nouvel interprète d’Astérix, le troisième en quatre films, fait d’ailleurs partie de ces fausses bonnes idées. Il est excellent bien entendu, comme souvent, mais il vampirise tellement le personnage que jamais Astérix n’est présent à l’écran, seulement Edouard Baer blond avec une moustache et les fringues du gaulois. Il faudra attendre une séquence assez drôle, un des rares, face à face avec Fabrice Luchini en César pour avoir enfin un aperçu de ce qu’une telle réunion d’acteurs verbeux promettait.

Asterix et Obelix au service de sa majeste 2 [Critique] Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté (Laurent Tirard, 2012)

Gérard Depardieu assure toujours dans la peau d’Obélix, malgré quelques facilités dans l’écriture (Depardieu bourré dans une scène, c’est tellement attendu) et la grande idée de ce casting se situe du côté de Vincent Lacoste dans son rôle habituel mais qui permet de dynamiter un peu l’ensemble. Car du côté de Catherine Deneuve, Valérie Lemercier ou Guillaume Gallienne, sans même parler de Charlotte Lebon, c’est tout de même très embarrassant. Autre rare réussite, la réappropriation du traitement assez drôle entre les français et anglais, donnant lieu à quelques vannes savoureuses mais manquant toujours de puissance. Quand chez Chabat on pouvait rire aux éclats, chez Tirard on sourit tout au mieux. Car il y a tout de même quelque chose de vexant dans ce film, cette impression qu’il ne s’adresse qu’aux enfants tout en essayant maladroitement un humour plus adulte, voire carrément beauf (voir les allusions à l’homosexualité d’Astérix et Obélix) et annihilant tout intérêt pour les personnages. Laurent Tirard et ses techniciens ont livré un travail qui va du plutôt moyen avec certains décors en dur jamais magnifiés par la photographie du décevant Denis Rouden, capable de miracles chez Olivier Marchal, qui livre une image fade jamais raccord avec l’univers fantaisiste, au franchement médiocre dans l’utilisation des effets numériques. Les prises de potions et quelques gags burlesques bénéficie d’un certain soin, mais globalement l’aspect du film n’est jamais au niveau de son budget. Et ce la faute à des effets plus qu’approximatifs mais également ne profusion de faux raccords et d’incohérences graphiques totalement indignes d’un projet si pharaonique. L’exemple le plus frappant restant la réutilisation par trois fois du plan d’ensemble du siège du village breton, ou encore l’aspect cheap des objets lourds qu’est censé porter Obélix, le genre de détail inacceptable à ce niveau. On passera sur les clins d’œils cinéphiles vulgaires, de Kill Bill à Orange mécanique en passant par 300, sur la post-synchro dégueulasse, sur la gestion grossière des gags anachroniques, les reprises de britpop et sur une mise en scène pataude qui s’oppose fermement au principe d’adaptation de bande-dessinée, autant d’éléments qui enfonce un peu plus Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté au rayon des grosses machines non seulement sans âme, mais surtout sans l’ombre d’un talent. Pauvre Astérix…


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